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Critique du film
THE TUNNEL 2011

 

THE TUNNEL mérite qu'on s'y arrête quelques secondes, ne serait-ce que pour son mode de distribution pour le moins original et couillu. Pensez-donc ! Un film, un vrai, avec des acteurs et tout, disponible en peer-to-peer, gratos sur le net, avec Paramount qui laisse faire derrière, c'est un peu l'hallu'. Sauf que bon, THE TUNNEL, c'est avant tout un film et là, forcément, ça coince un peu.

S'il n'est pas pourri comme un BLAIR WITCH en son temps (rétroactivement une très bonne comédie), on n'est pas non plus en présence du CITIZEN KANE du film de trouille en caméra subjective. Car, oui, on a encore droit à cette putain de caméra subjective, bien à la mode au moment des REC et autres CLOVERFIELD. Alors c'est sûr le procédé est cool, ça limite les coûts de production, c'est idéal pour un petit budget mais faut le justifier un minimum, construire une histoire autour. Et quoi de mieux que de reprendre un fait réel, de broder un tantinet pour faire croire que tout ce que tu vois, CA S'EST VRAIMENT PASSE GARS ? Et carrément, tu vas voir les rushs, que des trucs qui font flipper, avec des interviews des acteurs du drame qui vont revenir sur l'histoire pour te donner des infos SUPRA VERIDIQUES que même Jacques Vergès ne pourra pas contester ! Et comme c'est la vie, la vraie, ben t'auras pas d'explication, c'est l'horreur qui se terre derrière ton quotidien, tu flipperas rien qu'à l'idée de prendre ton RER parce que CA PEUT T'ARRIVER. Si un tel artifice marchera sans problème sur Tata Fernande qui du coup prendra dorénavant le taxi pour faire ses courses (elle qui préfère déjà la piscine à la mer depuis qu'elle a vu LES DENTS DE LA MER sur TMC), le spectateur fantasticophile, lui, lèvera au mieux un sourcil interrogatif, qui ne dépassera pas les dix premières secondes du film, puisqu'une énorme boulette, mais vraiment un truc de débutant quoi, le sortira de la trame aussi sec. Par égard pour l'auteur de ces lignes, qui cherche à captiver l'attention de son lecteur avec des artifices douteux, nous ne dévoilerons pas immédiatement en quoi consiste ce que les manuels de cinéma appelleront plus tard THE ERROR.

Donc il y a quelques années, le gouvernement australien avait en projet de traiter et d'utiliser l'eau des tunnels souterrains de Sydney, sauf que rien ne se passe, l'affaire est enterrée et, pire que tout, les politiciens refusent même de s'exprimer sur le sujet. Une journaliste aux dents longues convaincue qu'il y a baleine sous gravillons mobilise une petite équipe de tournage pour faire un reportage dans les souterrains après que son enquête soit arrivée dans une impasse. Ils s'infiltrent clandestinement dans le réseau de tunnels et c'est rapidement le bordel puisqu'ils réalisent qu'ils ne sont pas seuls et que ce qui les espionne à très très faim. Alors c'est sûr, c'est pas super bandant comme histoire, on pense à un crossover entre SUBWAY et THE DESCENT et on sent tout de suite que les trois quarts du film, ça va être des glands qui courent en beuglant dans des tunnels mal éclairés. Dit comme ça, c'est vrai. Mais en bon documenteur, THE TUNNEL c'est aussi des interviews de la journaliste et de son cadreur, qui expliquent la gorge nouée à quel point ils étaient débiles d'aller là-bas, pourquoi ils ont agi comme ça dans telle ou telle situation, bref ça nourrit les persos, mais c'est super redondant par moments (genre, la journaliste dit un truc comme «Et là, je me suis mise à courir» et... on la voit courir). Donc ça veut nous faire croire très fort à la situation, le côté survival prend rapidement le dessus, la tension est bien là, le jeu des acteurs est convaincant et on ne s'ennuie pas vraiment tout du long. Ca fait même un peu flipper quelques fois, c'est pour dire. Mais THE ERROR est là pour nous rappeler que tout ça, c'est quand même de la poudre aux yeux, que THE TUNNEL est un film «carte de visite» que l'équipe de production est composée de petits malins qui veulent en mettre plein la vue et qu'on parle d'eux pour pas un rond. Et que, manque de bol, ils se sont ratés.

Et c'est l'aspect le plus intéressant du film en fait, son système de production et de distribution. Déjà, c'est un petit budget : 135.000 dollars. Bon ça se voit quand même un peu mais faut reconnaître que par moments ça a quand même de la gueule, le mérite en revient au décor, les tunnels donc, impressionnant. Conjointement à une sortie en DVD le 19 mai dernier (mais pas en France évidemment), le film a été mis à la disposition des internautes sur les différents sites de Torrent. Une manière très originale de promouvoir un film en dehors des réseaux habituels un brin frileux dès qu'il s'agit de film fantastique à petit budget et qui permet aux spectateurs de le regarder tranquillement chez eux, en toute légalité pour une fois. Et c'est là que cette démarche peut s'avérer payante. Sur le site officiel du film, www.thetunnelmovie.net, il est proposé aux visiteurs ayant aimé le film d'en acheter un plan pour 1 dollar. Le but étant qu'évidemment tous les plans soient achetés, ce qui correspond à 135.000 dollars, soit le budget du film. Répétons pour les deux du fond : si tu veux, tu peux te payer un plan du film pour un dollar comme ça tu rembourses leur budget. Ca a l'air très con mais c'est plutôt une bonne idée, si évidemment il y a une communauté derrière prête à lâcher quelques biffetons. Au moment de l'écriture de cette critique, l'équipe de 135K Production a déjà récolté 42.865 dollars, ce qui n'est pas énorme, mais pas mal si on prend en compte que le film est sorti il y a moins de trois semaines et reste somme toute assez confidentiel. Et puis bon, c'est quand même plus «honnête» que de faire payer les fans pour qu'ils aient leur nom à la fin du RETOUR DU ROI, ça nous évite 30 minutes de générique après s'être déjà mangés 12 fins dans la face.

Evidemment, ce petit système D n'éclipse pas la qualité toute relative du métrage. En effet, on se retrouve quand même beaucoup face à des gros poncifs du genre, des tics de mise en scène clairement inspirés de ses prédécesseurs, et ce côté un peu péteux caractéristique de ceux qui sont persuadés qu'ils font un truc trop génial de la mort. Un projet un peu trop ambitieux par rapport au budget disponible, une incohérence très nette entre l'idée de départ et le produit fini, qui n'arrive pas à se décider quant à la forme qu'il veut adopter : documentaire ou fiction, le choix n'est jamais clairement fait. Bref beaucoup d'erreurs formelles (genre tu fous de la musique dramatique sur un moment super tendu. Ok ça peut marcher, mais on est sensé regarder un truc vrai et traumatisant, pas besoin d'en rajouter, on n'est pas sur TF1). Globalement les acteurs s'en sortent bien et la créature bien qu'entraperçue furtivement ou en night-shot flou est assez impressionnante même si trop pompée sur les creepers de THE DESCENT. Donc, THE TUNNEL ne mérite pas qu'on s'y précipite, il reste au final anecdotique et sa vision n'est justifiée que par son mode de diffusion original et courageux. Une initiative à encourager parce que, qui sait, si ce système se répète, il y aura peut-être des trucs super au bout d'un moment. Conseillé au fantasticophile curieux et passionné (le vrai, quoi !).

Et puis, il y a donc THE ERROR. Alors c'est simple, et c'est à toi, réalisateur en herbe avide de concepts qui trouent, que ce paragraphe s'adresse. Si tu veux faire un documenteur, ok tu commences avec un carton débile qui dit que tout ce que tu vas montrer est vrai, que c'est les images d'archives, que les gens qui vont être interviewés sont les vraies personnes. Jusque là on est potes. Par contre, jamais, JAMAIS, tu ne poursuis avec un générique de film classique où les noms des comédiens défilent, ça te nique un peu ton plan, si tu vois ce qu'on veut dire... En te remerciant.

Rédacteur : Christophe Foltzer
45 ans
10 critiques Film & Vidéo
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